Qu’est ce que c’est?
On distingue plusieurs types de myosite. Celle la plus souvent rencontrée se nomme la « Rhabdomyolyse » ou « coup de sang », très fréquente chez les pur-sang. Elle correspond à une anomalie de la contraction musculaire. La seconde myosite la plus fréquente est dite myopathie à polysaccharides. Elle est plutôt rencontrée chez les Quaters Horses, Cob normands et autres chevaux lourds, Merens et maintenant transmise à beaucoup d’autres races, notamment le Selle Français. Cette myopathie est une accumulation anormale de glycogène et d’autres polysaccharides dans les muscles. Des études ont montré que des lignés dans certaines races auraient des défauts héréditaires du métabolisme dans les muscles.
Les crises de myosites sont gérables, mais la 2ème forme, plus rare, de myosite est difficile à gérer pour un cheval de sport car elle survient très régulièrement et parfois même au pré avec peu d’activité.
Les symptômes des myosites
Les symptômes les plus courants des formes bénignes surviennent à la fin du travail, au retour au box, voir le lendemain, ou le lundi matin si le cheval n’est pas sorti la veille. Voici quelques symptômes qui peuvent se cumuler :
- les crampes du dos et de l’arrière main. Quand elles sont discrètes ou vues que le lendemain cela peut donner l’impression d’une boiterie de l’arrière main ou de « jambes raides », un cheval qui marche par petits pas.
- une attitude anxieuse, un cheval campé
- des symptômes de coliques et/ou de décubitus
Les formes plus aigus peuvent survenir au cours d’un travail, n’importe quand avec certains symptômes si dessus, plus ceux si-dessous :
- les crampes sont tellement douloureuses que le cheval ne veut plus bouger
- une inflammation, des spasmes et des tremblements des muscles (fessiers et dos surtout)
- une forte sudation
- une accélération de la respiration et des battements du cœur
- un cheval qui manque de s’évanouir
- une urine qui va de marron à noir, voir rouge… et peut mener a une insuffisance rénale, un coma et la mort (rare).
Les causes de myopathie
Les causes peuvent être variées et multiples, et il est souvent difficile de les déterminer avec certitudes. Voici les principales :
- Un gros coup de stress ou d’énervement (ça peut arriver au pré sans que vous l’ayez vu!)
- Un entrainement mal géré ou cheval mal échauffé, avec un cheval qui va s’énerver ou faire le fou.
- Un cheval qui n’est pas sorti du box la veille et qui a mangé la même quantité d’aliment que les autres jours.
- Une séance de travail longue et très éprouvante, ou courte et trop intense, du type course ou cross de complet.
- Une douleur qui provoque des contractions excessives
- La myopathie elle même : celle à polysaccharides. Ce gère pareil mais elle a tendance à survenir de plus en plus souvent au cours des années et parfois même au pré tranquillement dans les formes les plus graves…
Les facteurs prédisposants
- Certaines races sont plus prédisposées que d’autres, et certaines lignées
- Les juments sont plus atteintes que les mâles ou hongres, bien qu’on n’est pas trouvé de relation avec les cycles œstrogéniques.
- Les jeunes chevaux de 2 à 5ans sont plus exposés
- Les chevaux nerveux ont 5 fois plus de chance d’avoir une myopathie
- Les chevaux ayant une mauvaise alimentation, riche en amidons et pauvre en fibres
- Les chevaux vivants au box
- Les chevaux ayant une activité de sport intense ou de course.
- Les chevaux qui ont des ulcères (due le plus souvent au stress!)
- Un temps chaud et humide
- Un cheval trop gras
- Un cheval qui boit mal
- Un cheval pas assez entrainé pour son niveau d’épreuve, qui va faire beaucoup trop de lactates
Gérer les crises de myosites
En cas de crise, il faut rentrer le cheval au box, ne pas le faire marcher, ne pas doucher, couvrir, faire boire, surveiller. Il faut couper les granulés ou donner juste une poignée mélangée à un apport en vitamine E et sélénium et augmenter le foin. Un petit coup de phytorénale (ou équivalent) peut être pas mal pour drainer les reins.
Faite une prise de sang en collaboration avec votre vétérinaire pour savoir si c’est bien un coup de sang (CK, ASAT) et pour pouvoir suivre l’évolution. Selon l’importance de la crise, le cheval devra rester au box strict puis marcher en main, et quand la prise de sang revient normal reprendre le travail progressivement. Il pourra retrouver son paddock ensuite.
en cas de crise aiguë : appeler votre vétérinaire. Il devra peut être le mettre sous perfusion, drainer les reins, soulager les muscles avec des anti-inflammatoires (attention à ce que le cheval ne soit pas déshydraté quand vous mettez des anti-inflammatoires) et vous donnez une marche à suivre. Dans les cas les plus graves un arrêt complet du travail est nécessaire pendant plusieurs semaines voir plusieurs mois, au risque sinon que votre cheval fasse une rechute… et les rechutes sont souvent plus fortes et peuvent condamné sa carrière, voir sa vie.
Prévention face à la récidive
Pour les chevaux ayant déjà fait plusieurs myosites malgré les précautions, il peut être bien de faire une biopsie musculaire pour voir si il ne s’agit pas d’une myopathie à polysaccharides et si les fibres musculaires ne sont pas trop abimés.
Nourriture : Les chevaux sensibles aux myosites doivent avoir une nourriture pauvre en amidon et en sucre (contenu principalement dans les céréales) et riche en lipides (huiles végétales). Des aliments spécifiques sont disponibles maintenant chez beaucoup de marques d’aliment chevaux. Sinon il faut préféré un aliment pauvre en amidon donné en petite quantité et complété d’huile (type Isio4). L’incorporation d’huile doit être progressif sur 3 à 4 semaines et peut aller jusqu’à 200ml par jour pour un cheval de complet de haut niveau ou un cheval de course. Le résultat est visible qu’après 3 à 4 semaines de traitement et efficace réellement qu’après 3 à 4 mois. La complémentation en vitamine E et sélénium (anti-oxydants) est recommandé (faite doser le sélénium dans une prise de sang avant, il se peut qu’il en est trop, ce qui peut être aussi un facteur aggravant). Un apport complémentaire en vitamine E est obligatoire à partir de 30-40ml d’huile ajouté dans la ration. Votre cheval doit boire en quantité suffisante, vérifier bien ce point, c’est peut être le départ de tout.
ex : Pour mon cheval (aliment floconné ordinaire) de 480kg, jeune, faisant du complet niveau amateur, il a 4,5L par jour et 90ml d’huile/ jour + une gélule de toco500 (vita E), divisés en 3 repas et environ 12kg de foin en 2 repas.
Travail/Sortie : Sortie journalière OBLIGATOIRE pour ces chevaux là. Si par malheur un jour vous ne pouvez vraiment pas le sortir, diminuez de moitié sa ration de granulés et ne faites qu’un petit travail le lendemain. La détente doit être toujours progressive avec pas mal d’étirement. Fractionnez le travail intense en période de 15min max.
Stress : Limitez les facteurs de stress : box et paddock au calme à coté de chevaux calmes, nourrir et sortir le cheval dans les premiers, entrainement dans le calme. En concours ne changez pas les habitudes pour éviter énervement et stress, adoptez la zen attitude. Pour les chevaux sujets aux ulcères, traitez le problème (ca peut être la source de vos soucis : qui mange mal, qui boit mal, qui souffre et le fait stresser encore plus)!
Traitements : Un petit tour chez l’ostéopathe est parfois très bénéfique, c’est peut être même la cause de votre problème. Attendez que le cheval aille mieux si il sort d’une crise avant de le présenter à l’ostéo. En concours ou course, après un long transport ou après une séance ou le cheval a sué beaucoup, mettre un réhydratant (le mettre de préférence en préventif, 2h avant l’épreuve environ, et éventuellement en remettre un après). Des produits de préparation à l’effort existe sur le marché et peuvent être utile avant les compétitions. Pensez à demander à votre véto, certains mélanges de produits, ou des produits en trop grandes quantités peuvent faire l’effet inverse que celui désiré. Seule une bonne connaissance de votre cheval (prise de sang, suivi vétérinaire, connaissance de ses douleurs, de ses stress) peut vous aidez.
Le must pour ces chevaux étant : vie au pré toute l’année; travail régulier (ou pas de travail du tout); nourriture très pauvre en amidon et sucre, riche en lipides et fibres; stress minimum, suivi régulier.
Un petit ajout suite à mon expérience et quelques recherches sur le net.
Attention avec les antibiotiques à base de pénicilline, notamment le pen-hista-strep, qui seraient un facteur déclenchant des coup-de-sang.